Que peut bien venir faire ce petit baron béarnais dans mes lectures indiennes?
Je suis déjà un peu surpris de n’avoir jamais entendu parler de son père (Isaac de Lom) qui se ruina dans l’aménagement du gave pour augmenter les capacités du port de Bayonne et faciliter le transport des matures taillées dans les vallées des Pyrénées.
Criblé de dettes et avec un titre d’officier de marine par sa noblesse, Lahontan s’embarque par le Canada en 1683. Il laisse un portrait de la Nouvelle France et de ces habitants mais aussi des mœurs de la France du Roi Soleil.
Dans ses lettres, on apprend pêle-mêle, les rudiments de la navigation, les rivalités entre Indiens Algonquins, Hurons et Iroquois, les luttes d’influence entre Anglais et Français vis-à-vis de ces indiens, les rivalités des coureurs de bois et des marchands et le fonctionnement de la bureaucratie des ministères de Louis XIV mais surtout, le mode vie des indiens.
Autant l’authenticité de cette relation épistolaire est mise en doute, autant les aspects plus ethnographiques ont été vérifiés : les techniques de chasse, la fabrication de canot en écorce de boulot à la découverte des raquettes,…
Son exploration de la rivière Longue est très controversée. D’ailleurs sur la carte « Carte de la Rivière Longue et de quelques Autres qui se Déchargent dans le Grand Fleuve Missisipi » qu’il a fournit, je ne trouve pas de rivière Longue… Des recherches récentes pensent qu’il pourrait s’agir de la rivière Minnesota.
Le témoignage de Lahontan est rare car il a vécu un peu parmi les indiens algonquiens, il en parlait la langue et avait un regard sur eux moins condescendant que ces contemporains. Ces déboires et critiques envers la société et les religieux de son époque l’ont sûrement aidé à avoir un peu de recul.
Ces lettres ont eu un véritable succès de librairie et certains reconnaissent dans son style critique et ironique, un précurseur des Lettres Persanes ou du Candide